Le ventre (et plus précisément l’estomac et les intestins) est parfois appelé le cerveau des émotions. Dans les traditions ancestrales comme le yoga, c’est même l’endroit où sont traitées et stockées les émotions positives et négatives.
Cette notion est d’ailleurs vérifiée depuis le XXème siècle puisque L’Institut des Maladies de l’Appareil Digestif reconnait que ce dernier peut être touché par plus de 800 maladies (ulcères, colopathies fonctionnelles, maladies inflammatoires chroniques…) qui ont des répercussions physiques mais aussi psychiques. L’apparition de la neurogastroentérologie montre bien l’importance que la science et la médecine accordent désormais à l’impact de l’appareil digestif sur la santé.
L’organisation du système nerveux
Le système nerveux entérique
Anatomie
Composé de plus de 100 millions de cellules nerveuses, le SNE (Système Nerveux Entérique) est réparti tout le long du tube digestif. Les cellules nerveuses du SNE et du « cerveau principal » ont la même origine mais s’en séparent pour migrer vers le ventre et former le le SNE. Ce dernier est composé de deux réseaux complexes:
- le plexus myentérique ou d’Auerbach
- le plexus sous-muqueux ou de Meissner
Le plexus myentérique contrôle les contractions musculaires (pour faire progresser le bol alimentaire ou provoquer les vomissements). Le plexus sous-muqueux quant à lui régule les sécrétions intestinales. Le système digestif communique aussi avec l’encéphale principalement grâce au nerf vague, véritable autoroute qui prend naissance dans deux noyaux cérébraux et innerve les organes vitaux. La branche afférente (sensitive) du nerf vague renseigne le cerveau ou système nerveux central sur ce qu’il se passe dans l’intestin. Tandis que la branche efférente (motrice) envoie des ordres aux muscles intestinaux.
Le SNE fonctionne de manière indépendante des autres centres nerveux, même si il interagit avec les autres parties du système nerveux autonome.
Le nerf vague (grâce auquel le SNE est connecté au système nerveux central) joue un rôle prépondérant dans la régulation végétative et dans le contrôle sensorimoteur du larynx et par conséquent de la phonation.
Le nerf vague véhicule en continu un courant de message entre le cerveau et l’intestin.
Tout comme le cerveau, le SNE peut être affecté par des maladies cérébrales (comme la maladie de Parkinson) et les lésions observées dans les pathologies neurogénératives se retrouvent également dans les neurones du SNE.
Les substances neuro-actives agissent elles aussi au niveau du SNE et provoquent de nombreuses manifestations digestives.
Rôle du SNE
Le SNE joue plusieurs rôles fondamentaux :
- Il assure le transit intestinal (en contrôlant les contractions qui se propagent d’un bout à l’autre du tube digestif
- Il régule les fonctions intestinales (motricité digestive, sécrétion hydroélectrolytique de la muqueuse ou encore circulation sanguine, à la fois en physiologie et en physiopathologie)
- Il contrôle la barrière épithéliale intestinale (fonction vitale du tube digestif qui permet le passage des nutriments mais aussi empêche le passage d’agents pathogènes ou toxiques dans le corps)
Les messages issus des neurones des intestins jouent 2 rôles principaux :
- Ils fournissent un feed back sensoriel aux réflexes locaux qui modulent en permanence l’activité motrice des différents viscères
- Ils fournissent des informations au cerveau concernant les conditions ambiantes.
Il est également à noter que le système digestif dirige en grande partie le dispositif de défense de l’organisme puisqu’il concentre près de 80% des cellules du système immunitaire.
SNE et émotion
Avoir « la peur au ventre », « l’estomac noué », « du mal à digérer un événement »… On ne compte plus le nombre d’expressions qui traduisent le lien entre nos émotions et notre ventre, partie centrale de notre corps. En effet, le SNE communique en permanence avec notre cerveau, souffre parfois de maux communs avec ce dernier et peut même parfois lui en transmettre en générant des émotions.
Le stress par exemple agit directement sur la muqueuse intestinale et provoque la sécrétion de sérotonine, (neurotransmetteur produit à 95% par les cellules nerveuses de l’intestin).
Selon le professeur Michael Gershon, le SNE serait aussi capable de se souvenir et participerait à la phase de rêves pendant le sommeil en produisant également de la sérotonine.
Tous ces éléments nous permettent de mettre en exergue les relations anatomiques entre le cerveau et le SNE. En effet, les informations provenant des viscères via le nerf vague sont traitées au niveau du tronc cérébral et sont ensuite transmises à l’hypothalamus puis à l’amygdale et enfin au cortex.
L’amygdale joue un rôle fondamental dans les activités végétatives, émotionnelles et sexuelles et plusieurs cas cliniques ont montré qu’une personne qui ne possède plus d’amygdale n’est plus capable de ressentir la peur.
Pour certains auteurs, l’émotion serait due à la perception des modifications somatiques et viscérales. Un événement extérieur engendrerait donc un réaction perçue comme émotionnelle au niveau des viscères grâce à la mise en jeu du système nerveux entérique. L’émotion ne serait donc pas possible sans réaction physiologique.
Pour conclure, les neurosciences ont permis de mettre en évidences les liens neurobiologiques entre le ventre et le cerveau et leurs points communs et apportent une dimension scientifique à des connaissances, traditions et croyances ancestrales.
Toutes les méthodes et pratiques (relaxation, yoga, visualisation, mantras…) visant les intestins et l’estomac vont donc déclencher des modifications au niveau de la pensée et des émotions et par conséquent de la destinée.
Source : Le système nerveux entérique ou deuxième cerveau – LE VENTRE – par Isabelle Simonetto, Dr en Neurosciences